Louis Dreux

PRÉSIDENT DE LA FNACA, LOUIS DREUX A REÇU EN SEPTEMBRE DERNIER À OULLINS LES INSIGNES D’OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR DES MAINS DE MONSIEUR LE PRÉFET. UNE RÉCOMPENSE SYMBOLIQUE QUI MARQUE UNE VIE D’ACTION, DE COMBAT ET D’INVESTISSEMENT.

l'action au cœur

Quel est votre lien avec Oullins ?

Je suis né en 1935 à Sainte-Foy-lès-Lyon mais, dès l’adolescence, j’ai « descendu la colline ». À 16 ans, je rencontre celle qui va devenir mon épouse, une vraie Oullinoise ! Avec ma famille puis après avec elle, j’ai habité différents quartiers d’Oullins, sans jamais m’en lasser ni vouloir déménager même si mes différents emplois étaient à Lyon voire même m’envoyaient à l’autre bout de la région. Nous avons notamment rejoint le quartier du Golf quand les premiers immeubles se construisent. Il n’y a alors ni téléphone, ni école, ni commerce, ni réseau de transport ! Il faut prendre le quartier en main, en faire quelque chose de bien pour ses habitants.
J’ai donc mis en place le syndic de copropriété et je l’ai présidé pendant une dizaine d’années. Nous avons travaillé avec la municipalité notamment pour l’installation de l’école. Quant aux bus, ce fut une sacrée histoire. Pour faire comprendre le problème au président des Transports en commun lyonnais, nous l’avons fait marcher jusqu’au Golf depuis la mairie en plein hiver, puis redescendre… la ligne 63 a été créée à la suite de ça.
En 1977, j'entre au conseil d’administration de la société coopérative d’HLM Clair Logis, devenue depuis Rhône Saône Habitat. Je devient rapidement administrateur puis président. Cette société a notamment construit le lotissement chemin du petit Revoyet. En 2002, je suis élu au conseil d’administration d’Oullins Entr’aide où j’occupe le poste de trésorier pendant quatre ans. Déménager d’Oullins ? Jamais pour tout l’or du monde.

Votre vie semble marquée par la guerre d’Algérie…

En 1956, j’ai été appelé sous les drapeaux comme bon nombre de garçons de ma génération. Après Paris puis Montélimar, j’ai passé 14 mois en Algérie, à la 77e compagnie de transmission à Tizi-Ouzou. Nous étions mécanicien, enseignant, manœuvre, commerçant… mais pas militaire de formation. Ce n’était pas une situation facile, nous n’avions pas demandé à être là. Les factions étaient disséminées sur le territoire. Vu que j’avais passé le permis de conduire, j’avais comme affectation d’adjoint au vaguemestre, chargé d’acheminer le courrier. Par crainte des attaques de convoi, de nombreux courriers n’étaient pas distribués. Je ne trouvais pas ça normal. C’était notre seul lien avec notre famille, nos amis. Alors j’ai pris l’initiative de faire des allers-retours avec le vaguemestre en zone interdite pour les distribuer, sans que nous ayons d’ordre de mission. Vous auriez vu la joie sur le visage des copains quand on arrivait !

Cette expérience vous a-t-elle changé ?

En 1958, je rentre à Oullins avec la médaille commémorative Algérie, du titre de reconnaissance de la Nation et de la carte du combattant. Pour moi, c’est le début de mon combat et non la marque de la fin. En complément de mon activité professionnelle, j’adhère à la fédération des anciens combattants d’Algérie, du Maroc et de Tunisie (FNACA) dont je deviens vice-président national par la suite, responsable de la région Rhône-Alpes. Parallèlement, j’intègre l’Office national des anciens combattants. Nous aidons les jeunes militaires à se réintégrer dans la vie civile, trouver du travail, une formation…
Par ces associations, j’oeuvre pour faire connaître notre histoire, pour soutenir les anciens combattants et leurs veuves. Mon dynamisme, je l’ai mis au service d’une cause. Et ce n’est pas la retraite qui m’arrête. Je n’emploie jamais les mots « grand âge » ou « senior ». Mes 86 ans ne m’empêchent pas de participer à l’organisation du congrès national de la FNACA qui a regroupé 2 000 personnes ce mois d'octobre. Ne me parlez pas d’âge, parlez-moi d’action.

 

Octobre 2022

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