Christian Labonne
pour un air de banjo
Quand et comment avez-vous commencé à jouer du banjo ?
J'ai toujours été passionné de musique, bien que j'aie grandi dans une famille où personne n’était musicien. Au lycée, je passais des heures à écouter des 33 tours des Pink Floyd, de Yes, d'Eric Clapton… ou encore le premier album des Eagles dans lequel on pouvait entendre du banjo !
Je n'explique pas vraiment mon coup de coeur pour cet instrument, si ce n'est son côté joyeux, mais il a été immédiat ! J'ai reçu mon premier banjo quand j'ai passé mon bac. Mon père voulait fêter l'événement en me faisant cadeau d'une mobylette, il a été un peu surpris de m'entendre répondre que je préférais un banjo mais il a accepté.
Impossible à l'époque de trouver le moindre cours ou tuto pour m'initier. J'ai tout découvert tout seul. En France, on a tendance à croire qu'il faut faire une année de solfège avant d'apprendre un instrument alors qu'aux État-Unis, on privilégie tout de suite le plaisir de jouer des morceaux qu'on aime en apprenant au fur et à mesure. Je préfère cet état d'esprit. J'avais été marqué par le solo de banjo du film Delivrance et je m'étais fixé l'objectif de le jouer.
Je l'ai déchiffré à l'oreille, note à note, sans connaître le solfège. Quand on débute dans ces conditions, apprendre équivaut un peu à creuser un tunnel à la petite cuillère, mais le plaisir est là !
À quand remontent vos premiers concerts ?
En 1978, juste après avoir fini mon IUT en génie électrique, j'ai passé une année en Grande-Bretagne en tant qu'assistant de français ; c’est là-bas que j'ai donné mes premiers concerts. Toutes les semaines, je retrouvais d'autres musiciens avec qui je jouais dans un pub.
Le simple fait de voir que les gens étaient heureux d'être là, de sentir que l'émotion passait, pour moi, c'était le paradis !
À mon retour dans la Métropole de Lyon, j'ai mis des annonces pour fonder mon premier groupe : Coyote 2024. Mary and Co, Zip code 2025, Tennessee Stud…. beaucoup ont suivi ! Au total, en 40 ans, j'ai enregistré une douzaine de CD et donné entre 600 et 700 concerts. J'ai fait des concerts aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suisse, au Rockstore à Montpellier, sur différentes scènes de Lyon (Transbordeur, Le Radiant)... mais aussi à Oullins, où je vis depuis 10 ans !
Où en êtes-vous aujourd’hui et quels sont vos projets ?
Je continue à chanter, jouer de la guitare, du banjo, à donner quelques cours pour aider ceux qui, comme moi, débutent dans l'apprentissage de cet instrument rare... Et cette année, pour la première fois de ma vie, je sors un album solo regroupant uniquement des compositions personnelles (d'où le titre « Il était temps »).
Je dis "solo", mais 25 personnes y contribuent : on retrouve beaucoup de musiciens de mes anciens groupes et des artistes qui débutent sur la scène lyonnaise. Nous venons de terminer le mixage, il devrait être prêt en décembre !
Si l'idée de faire de la musique mon métier me semblait trop difficile et risquée, ça reste pour moi une véritable passion, et le banjo le plus bel instrument du monde (même si tout le monde ne le sait pas encore) !
Novembre 2020