Diane Delerce et Vivien Zangiacomi
musiciens intervenants
Comment êtes-vous devenus musiciens intervenants pour la Ville d’Oullins ?
Vivien : Je suis devenu musicien un peu sur le tard puisque j’avais d’abord suivi un cursus scientifique. J’ai commencé la musique en tant qu’autodidacte, mais quand j’ai réalisé que je voulais en faire mon métier, j’ai décidé de me former aux musiques actuelles en associant pratique (piano, chant et percussions) et théorie.
J’ai fait des ateliers d’improvisation vocale et j’ai ressenti l’envie d’ouvrir ça aux plus jeunes. J’ai donc intégré le CFMI (centre de formation des musiciens intervenants) de Lyon. En 2012, j’ai été recruté par la Ville d’Oullins et j’y ai emménagé quatre ans plus tard.
Diane : J’ai également intégré le CFMI de Lyon après une licence de musicologie. J’ai ensuite travaillé quelques années à Brignais avant de rejoindre la Ville d’Oullins qui était connue pour être une référence dans le domaine. J’ai commencé à y travailler en 2011 et je n’ai jamais regretté depuis ! Le poste qu’on occupe ici est assez unique en France puisqu’on intervient dans toutes les écoles de la ville tout en étant directement rattachés au théâtre de la Renaissance dans le cadre d’une résidence d’artiste.
Concrètement, comment se déroulent vos interventions dans les écoles ?
Vivien : Chaque année, on intervient dans environ un tiers des classes de la maternelle jusqu'au CM2. On tourne pour essayer de faire en sorte que tous les écoliers d’Oullins aient accès à la scène au moins une fois pendant leur scolarité, qu’ils aient un jour croisé un technicien et découvert les coulisses d’un théâtre même si ce n’est pas la seule finalité. Les projets sont menés pendant l'année scolaire et prennent diverses formes avec toujours un temps fort : le festival des Zoullis qui réunit plusieurs centaines d’enfants pour une semaine de représentations au théâtre de la Renaissance. Toutes les créations sont co-construites par les élèves et pensées en lien avec les enseignants qui en font aussi des supports de travail pour leurs classes. C’est ce qui fait qu’il n’y a jamais deux projets identiques ! On a parfois recours à des instruments, du chant, il peut y avoir une dimension théâtrale ou chorégraphique, on peut travailler sur des thèmes comme la peinture, les mathématiques, les émotions… peu importe du moment que le projet suscite la curiosité des enfants. C’est génial de voir que chacun y contribue et s’y exprime à sa façon !.
Vous êtes intervenant mais également et surtout musicien : en quoi les deux se complètent ?
Diane : Effectivement, nous sommes musiciens-intervenants dans cet ordre. C'est très important pour nous de garder un travail d’artiste en parallèle de nos interventions dans les écoles : les deux s’auto-alimentent. Le fait de faire soi-même de la scène nous permet notamment d'être plus attentifs vis-à-vis des enfants, plus à même de comprendre le stress que cela peut générer. Si pour certains, être sur scène semble inné, pour la grande majorité, ce n’est pas facile et c’est quelque-chose qui s’accompagne. La musique n’est pas non plus un support anodin, elle se vit et permet d'exprimer beaucoup de choses ! C’était particulièrement flagrant après le confinement, en fin d’année dernière. De retour en classe, certains élèves de petite et moyenne section de maternelle avaient perdu leurs repères et ne savaient par exemple plus comment s’orienter dans leur école. Ils me disaient qu’ils avaient oublié les chansons, pourtant, dès que la musique commençait, tout revenait naturellement.
En cela, la musique est magique !
Juillet 2020