Maud Riemann
être le plus réaliste possible
Comment êtes-vous devenue auteure-illustratrice ?
J’ai su très tôt que je voulais être illustratrice. Quand j'avais 13 ans, j’ai contacté un illustrateur dont j'aimais le travail. On a correspondu. Il avait fait l’école Emile Cohl à Lyon. Il m’a expliqué que c’était une école qui permettait d’apprendre le dessin de manière très classique. Convaincue de l’importance d’avoir une base de dessin solide, j’ai
moi aussi rejoint cette école dont j’ai été diplômée en 2004. Aujourd’hui encore, je trouve important de remplir des carnets de croquis, d’observer, de toujours s’entraîner à faire des dessins cohérents, respectant la perspective.
Une aisance graphique permet de se renouveler plus facilement ensuite.
À quoi ressemble votre métier au quotidien ?
L’illustration, c’est un peu comme le cinéma : certains ont vraiment leur univers à eux, d'autres sont plus proches du réel. Moi je suis du côté documentaire. Je travaille sur des magazines, des manuels scolaires, je fais un peu de communication, mais j’illustre surtout des albums jeunesse pour les 5 à 9 ans comme la collection "Mes petites questions". Avant, je dessinais et je scannais mes dessins pour les envoyer, aujourd’hui, je fais tout sur une tablette graphique : c’est très sensible, très proche du papier. Généralement, je réponds à des commandes précises. Le texte à illustrer est déjà écrit et j’arrive en bout de chaîne. J’aime me retrouver face à une question ou un sujet imposé et devoir me documenter sur un lieu, une personne, une époque pour être le plus réaliste possible... Quand j’étais petite, je cherchais toujours les anachronismes, les invraisemblances dans les albums que je lisais et j’étais déçue d’en trouver. C’est quelque chose que je mets un point d’honneur à éviter.
Quand on m’a proposé par exemple de travailler sur un album consacré aux migrants, j’ai tout de suite regardé des documentaires sur le sujet, je suis allée sur Google Maps pour visualiser la frontière entre le Mexique et les États-Unis... Pour illustrer un album sur Mozart, j’ai défriché le sujet avec l’auteure qui était une spécialiste, j’ai regardé Amadeus, je travaillais en écoutant ses compositions…
Est-ce que ce travail documentaire se mêle à quelque chose de plus personnel parfois ?
En partie. Pour être au plus près de la réalité, c’est important, par exemple, que les enfants que je représente me soient familiers. Pendant longtemps, je me mettais à la place de l’enfant que j’avais été, je m’inspirais de mes souvenirs. Aujourd’hui, j’ai deux filles de 6 et 9 ans, et c’est vrai que ça se ressent dans ce que je fais. Certains de leurs amis se retrouvent dans mes illustrations, quelques-uns me le demandent même parfois ! L’héroïne de la collection "Enquête à la montagne" est inspirée d’une de mes filles. Je remarque aussi que les deux albums dont j'ai été l'auteure, mes deux projets les plus personnels, ont été faits, à chaque fois, alors que j'étais enceinte. Je ne sais pas comment l’interpréter, mais c’est amusant de le constater.
Actuellement, quels sont vos projets ?
Les différents projets se superposent toujours. En ce moment, je travaille sur une collection consacrée à des personnalités, sur la suite des "Enquêtes à la montagne", et je vais commencer un album sur la région Auvergne-Rhône Alpes pour Milan jeunesse. Je réfléchis aussi à des projets autour de la réécriture de contes. Parallèlement à tout ça, et même si j’aime beaucoup l’indépendance que j’ai dans mon travail, je fais partie du collectif OulliPoC qui réunit des indépendants Oullinois travaillant dans le domaine de l'image, avec l’objectif de créer une forme de synergie, gagner en visibilité, et peut-être prochainement, créer un espace de co-working.
janvier 2020