Pauline Nauroy
la science au service de l'humain
Pourquoi vouloir être chercheuse ?
Après un bac scientifique, j’ai poursuivi mes études par une licence en biologie. Comme j’avais dans mon entourage une enfant qui était atteinte de maladie génétique, j’en ai profité pour approfondir mes connaissances sur ce sujet. Et c’est là que tout a commencé ! J’ai d’abord pensé à devenir conseillère en génétique, mais c’était finalement trop limité car je n’avais aucun moyen d’agir sur la maladie. Aujourd’hui, je m’intéresse à la recherche fondamentale qui permet d’accumuler des connaissances sur le vivant et d’améliorer, à terme, la condition humaine. J’ai l’impression de contribuer à mieux comprendre le monde.
Pouvez-vous nous expliquer plus en détails le but de vos recherches sur le poisson zèbre ?
Je participe depuis trois ans au projet développé par l’équipe de Florence Ruggiero à l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon. Elle est la directrice de l’équipe et ma directrice de thèse. Nous travaillons sur le poisson zèbre comme organisme modèle car sa capacité de régénération est exceptionnelle. Sa nageoire caudale, autrement dit sa queue, met 10 jours seulement à se reconstruire à l’identique lorsqu’elle est coupée. Nous cherchons à comprendre comment ce processus extraordinaire fonctionne. Nous travaillons pour cela sur la matrice extracellulaire, c’est à dire toutes les protéines qui sont fabriquées par les cellules puis déposées à l’extérieur de celles-ci et plus particulièrement sur une famille spécifique : celle des collagènes Pendant très longtemps nous étions persuadés que cette matrice ne jouait qu’un rôle de liant entre les cellules, mais on réalise aujourd’hui qu’elle permet également une communication et une régulation entre cellules et participe donc à cette régénération. À terme, ces découvertes nous permettrons peut-être d’appliquer ce principe à l’homme et de sauver des grands brûlés par exemple.
Quelle est cette bourse qui vous a été décernée à l’automne dernier ?
Pour ouvrir les métiers scientifiques et techniques aux femmes et promouvoir la parité dans les postes à responsabilités, la Fondation L’Oréal s’engage depuis 2007 en France à travers le programme des Bourses L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Ces récompenses, d’une valeur de 15 000 euros chacune, sont attribuées à de jeunes chercheuses pour les encourager dans la poursuite de leur carrière. Poussée par ma responsable de thèse, j’ai présenté mon dossier en avril 2016, sans trop y croire vu les statistiques : 30 bourses pour 1 031 candidatures. Mais mon sujet d’étude et ma motivation ont plu au jury et j’en suis très fière ! Cette distinction est à la fois une reconnaissance de mes pairs et un tremplin pour mon avenir car ce programme existe dans une centaine de pays. Une fois ma thèse publiée, je partirai faire un stage post-doctoral dans un pays que je n'ai pas encore choisi mais qui me permettra de poursuivre mes recherches sur cette matrice extracellulaire.
Mars 2017