Gilbert Coudène
Dessine-moi des Lumières
Pouvez-vous nous parler de votre jeunesse ?
Je suis né rue Pierre-Sémard, dans le quartier de la gare au bord de l’Yzeron. Fils et petit-fils d'Oullinois, j’ai passé mon enfance entre la Saulaie, Jean-Macé, La Bachasse et le tatami du Cascol judo-karaté que présidait mon père. Une fois ma ceinture noire et mon bac littéraire obtenus, je suis parti pour une découverte des Caraïbes d’Aimé Césaire et pour une traversée-aventure des Amériques. Du nord au sud en passant par l’Amérique centrale, j’y ai passé une année complète, dont trois mois au Mexique sur les traces du poète Octavio Paz et du peintre muraliste Diego Rivera. Travaillant entre deux stations de bus, de trains ou de bateaux, j’ai appris à traduire le langage des regards, à esquisser des chroniques, à crayonner des carnets de voyages, à croquer des moments de vies…
Comment CitéCréation est-elle née ?
En 1978, après avoir claqué la porte des Beaux-Arts de Lyon avec huit de mes camarades, nous avons créé, sur les pentes de la Croix-Rousse, l’atelier collectif Populart, qui est ensuite devenu la coopérative Cité de la Création, lors de notre installation dans le parc Chabrières, en 1983. Nous avons choisi l’art mural en écho à notre crédo « les murs, c’est la peau des habitants ». Avec mes compagnons, nous l’avons appliqué dans toutes nos oeuvres de design urbain, d’abord à Oullins avec la fresque de la Renaissance et à Lyon avec le mur des Canuts ou les HLM du Musée Urbain Tony Garnier puis au Québec, en Grèce, en Chine, mais aussi à Mexico, à Moscou, à Jérusalem ou encore à Barcelone pour les Jeux Olympiques, où nous avons peint de gigantesques trompe-l’œil.
Parlez-nous des « Allumeurs de Rêve »…
33 ans plus tard et après 650 œuvres monumentales réalisées, est venu le temps de la transmission des savoirs. Ainsi, en 2011, avec l’aide de la Ville, le premier établissement d’enseignement supérieur en art mural a ouvert au parc Chabrières, associé à la prestigieuse école lyonnaise de dessin, Émile Cohl.
En parallèle, ayant décidé de prendre ma retraite de CitéCréation, j’ai réalisé, pour le fun, le spectacle de la Fête des Lumières sur la Place des Terreaux, en 2014. Un succès phénoménal pour cette performance qui, avec plus de 900 000 spectateurs en cinq soirées, a séduit et convaincu un grand nombre de professionnels et m’a subitement entraîné dans une nouvelle aventure au développement fulgurant, inattendu et excitant.
Il y a trois ans, j’ai donc créé une nouvelle entreprise « Les Allumeurs de Rêves ». J’apporte la « french touch » à des spectacles lumières proposés sur des grands sites culturels comme la Villa Médicis, le Bolchoï, le monastère royal de Brou, et à Bucarest, Pékin, Marrakech pour la Cop 22 ou, très récemment, le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Et mon carnet de commande est déjà archi-plein pour 2018 et 2019 !
Avez-vous d’autres projets ?
Depuis cet automne, nous venons de mettre en action, dans le parc Chabrières, une plateforme d’innovation, intitulée SWING le Lab (Smart Wall INGéniérie), avec le soutien de la Ville d’Oullins, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et d’une pléiade d’entreprises. Dans cet incubateur, des jeunes diplômés (ingénieurs, architectes, créateurs d’images, designers, dessinateurs) dynamiseront un pôle de recherche et de développement de nouvelles technologies (matériaux, matériels, émetteurs et diffuseurs de lumières…). Une nouvelle énergie pour le futur, qui prend sa source à Oullins.
Décembre 2017