Claudette Pourret
il faut prendre soi de son corps !
Comment avez-vous débuté la natation ?
J’ai toujours aimé l’eau et la piscine. J’ai commencé toute jeune à me baigner dans l’Ardières, une rivière du Beaujolais où habitaient mes grands-parents. Mais je ne savais pas vraiment nager. C’est à la suite d’un accident de voiture que j’ai vraiment pris conscience de l’influence positive de la natation sur le corps. J’avais 55 ans et de très fortes douleurs liées à un traumatisme cervical, plus simplement appelé « coup du lapin ».
J’avais du mal à sortir de mon lit et j’arrivais difficilement à exercer mon métier de coiffeuse. Après des vacances à l’océan et de nombreuses baignades actives, j’ai constaté que je pouvais
beaucoup mieux bouger. J’ai donc décidé de prendre enfin des cours et j’ai principalement nagé sur le dos les premiers temps pour renforcer tous mes muscles. Quelques années plus tard, Thierry – mon maître-nageur de l’époque – est venu me voir pour me proposer de rejoindre les entraînements et de me lancer dans la compétition. Au début, je mettais une heure pour nager un kilomètre. Aujourd’hui, il me faut entre 29 et 31 minutes !
Quel souvenir gardez-vous de votre première compétition ?
Ma première compétition a été plus que marquante. Le hasard a fait qu’à la suite de désistements, j’ai rejoint, à la toute dernière minute, l’équipe du Cascol natation pour les championnats mondiaux des maîtres organisés en août 2014 à Montréal.
J’allais avoir 80 ans quelques mois plus tard ! J’étais évidemment très inquiète car je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. Nous sommes partis 15 jours là-bas et nous avons consacré notre première semaine à la visite de la ville. Mais la piscine me manquait ! J’avais hâte de retourner m’entraîner. J’étais tellement stressée que j’ai perdu trois kilos... J’ai tout de même réussi à décrocher le bronze dans la catégorie C12 (80 -84 ans) en 200 mètres brasse. Une première récompense très importante pour moi.
Depuis, je continue sur ma lancée, entraînée par Christophe du Cascol. Pour les championnats de France des maîtres de 2015, tout juste remise d’une embolie pulmonaire, j’ai obtenu le bronze en 50 mètres dos, l’argent en 50 et 100 mètres nage libre et l’or en 100 et 200 mètres brasse. Cette année, lors du Meeting national des maîtres de Villeurbanne, j’ai terminé première en 50 mètres nage libre, 50 mètres dos, 50, 100 et 200 mètres brasse. J’ai également obtenu de bons résultats
lors des Championnats de France des Maîtres à Pierrelatte en décrochant l’or en 50 mètres dos, 50 mètres brasse et 200 mètres brasse.
Les nombreuses médailles obtenues ces dernières années vous permettent-elles de vous sentir plus sereine ?
Chaque compétition me rend un peu anxieuse mais je suis quand même beaucoup plus décontractée qu’au début ! Je regarde combien nous sommes dans ma catégorie, si je connais mes adversaires et, en fonction, j’adapte mon allure.
Inutile de me presser si je sais que mes concurrentes nagent moins vite. J’aime la compétition et les défis. Il y a une nageuse qui arrive toujours devant moi en crawl ! Même si nous aimons bien nous retrouver au bord des bassins, il faut absolument que je la batte la prochaine fois !
Pour y parvenir, je vais à la piscine tous les jours, du lundi au samedi. Le mardi pour l’entraînement et seule le reste du temps. Je nage mon kilomètre et, après, je fais quelques exercices : torpilles, roulades arrières… Je me régale !
Je fais aussi de l’aquagym le lundi et du tai-chi le jeudi. Je conseille vraiment aux gens de bouger et de ne surtout pas rester dans leur fauteuil à regarder la télé. Le corps, c’est comme une voiture. Si on la laisse trop longtemps au garage, lorsqu’on souhaite s’en servir, la batterie est à plat, les pneus sont crevés et plus rien ne fonctionne ! Il faut donc en prendre soin ! Quand on se lève, il faut s’étirer, bouger progressivement toutes ses articulations et mettre ainsi tout son corps en mouvement. L'eau nous permet d’être en apesanteur et de ne pas faire subir de chocs aux os et aux articulations. Et pour ceux qui ont peur de l’eau : il faut se détendre et souffler car il n’y a rien de meilleur pour le physique et le moral. Dans l’eau, on oublie tous ses soucis…
Octobre 2018