Éléonore Wenger

Consultante informatique et Oullinoise d'adoption, cette jeune trentenaire a choisi de vivre son rêve : partir un an, seule à vélo, pour découvrir l'Asie.

rien n'est impossible !

Comment vous est venue l’idée d’un tel périple ?

Cela faisait un moment que je me disais qu’il faudrait que je prenne une année sabbatique pour partir, mais je ne savais ni quel moyen de locomotion utiliser ni sous quelle forme faire ce voyage. Et puis, en juillet 2015, je suis partie en vacances au Kirghizistan et j’y ai rencontré des cyclo-randonneurs. Ça a été pour moi une révélation : mon voyage se ferait à vélo et en Asie ! Et, je ne sais pas s’il faut y voir un signe, mais c’est à ce moment-là qu’une boutique de vélos a ouvert dans le haut de la Grande rue. C’est là que j’y ai trouvé ma monture que j’ai nommée Bucéphale, comme le cheval d’Alexandre le Grand !
Ensemble, nous avons fait quelques étapes tests, histoire de vérifier que j’aimais vraiment le vélo et que j’étais capable de pédaler plusieurs jours. Après une virée en Toscane et dans le froid des fjords norvégiens, je me suis dit que l’aventure pouvait commencer !

Comment avez-vous choisi votre itinéraire ?

Je voulais vraiment découvrir le Pamir, une région montagneuse du Tadjikistan en Asie centrale. C’est une route mythique pour les cyclistes ! Je me suis basée sur cette envie pour construire mon périple, avec une moyenne de 50 kilomètres par jour.
N’ayant pas assez d’expérience pour partir de France en plein hiver, j’ai choisi de commencer par le Viêt Nam et sa capitale Hanoï car le climat y est plus clément en cette saison. Après l’achat du matériel adapté et les formalités administratives et sanitaires effectuées, j’étais prête à rouler ! Je suis ainsi partie seule à vélo, du 4 janvier au 22 décembre 2017. Il m’aura fallu pédaler 18 776 kilomètres et traverser 20 pays pour finalement rallier la France. J’ai alterné entre hôtel, bivouac et nuit chez l’habitant tout au long de mon voyage.
Mes proches étaient évidemment un peu inquiets de me savoir seule mais la publication de photos et récits sur mon blog leur a permis d’être rassurés.

Quels étaient vos objectifs ?

En me lançant dans cette aventure, mon envie première était – bien entendu – de découvrir de nouvelles cultures mais je souhaitais aussi prouver qu’il ne faut pas sans cesse avoir peur et que le monde n’est pas si dangereux. J’ai longé la frontière afghane durant quinze jours et je n'ai pas ressenti d'insécurité !
Ce voyage en solitaire à vélo a suscité l’interrogation et l’étonnement des gens que j’ai rencontrés mais il n’y a jamais eu d’animosité.
La barrière de la langue a parfois été un frein aux échanges – le russe surtout m’aurait été très utile ! – mais d’une manière générale, je retiendrais la gentillesse et l’hospitalité des gens, notamment dans les pays se terminant par « stan ». Quelle culture de l’accueil ! Je suis d’ailleurs toujours en contact avec de nombreuses personnes qui m’ont hébergée.

Quel bilan tirez-vous de cet extraordinaire voyage ?

Cette expérience m’a profondément transformée et mon état d’esprit a pas mal changé. Je suis devenue très positive et optimiste. Plus rien ne m’inquiète, il y a toujours des solutions. La fièvre du voyage est toujours très présente. Je suis revenue avec plus de questions que je n’en avais en partant. Aujourd’hui, je fais quasiment tous mes trajets à vélo. J’en ai vraiment ressenti le besoin quand j’ai repris le travail. Si je n’avais pas de contraintes professionnelles et budgétaires, je serai déjà à nouveau sur la route. En attendant, grâce au journal de bord tenu chaque soir, je suis en train d’écrire un livre sur cette aventure. Selon mon état de fatigue, c’était parfois fastidieux et contraignant de devoir raconter mes journées, mais je ne regrette pas de m’y être tenue car c’était nécessaire pour capturer ces impressions et ces ressentis qui, parfois, s’envolent ou s’adoucissent avec le temps...

hangtimebybike.wordpress.com

 

Juillet 2018

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