Joël Brogniart
judoka au grand cœur
Racontez-nous votre arrivée au Cascol judo...
Le Cascol et moi, c’est une longue histoire qui a débuté en 1969. Quand j’étais petit, j’habitais à côté du stade du Merlo et j’étais passionné par le foot. Mais comme j’étais souvent malade, les médecins ont conseillé à mes parents de m’orienter vers une activité en salle. Le judo a été une véritable révélation. Pratiquer cette discipline est une école de la vie, avec un code sportif très formateur et adapté à tous les enfants. À neuf ans, j’ai donc rejoint le Cascol judo comme élève et je ne l’ai finalement jamais quitté. Je remercie Jacques Mollard pour qui j'ai beaucoup d'admiration. Il a été mon professeur durant toutes mes années de formation et il a su me transmettre tout son savoir et sa passion. J’ai gravi les échelons et passé les grades jusqu’à l’obtention de la ceinture noire 5e dan il y a une dizaine d’années.
Et, plus qu’une passion, j’ai décidé de faire de ce sport mon métier en obtenant les brevets d’État d’éducateur sportif en judo, jujitsu, culture physique et musculation et en rejoignant l’équipe enseignante au début des années 1990. Je suis aujourd’hui directeur technique du club et j’encadre les activités physiques adaptées.
En quoi consistent ces activités adaptées ?
En partenariat avec l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt), nous avons mis en place, en 2002, une section de sport adapté à destination de personnes cérébro-lésées du Centre d’accompagnement social et de rééducation neuropsychologique de Gerland. L’objectif des ateliers, organisés six demi-journées par semaine, est de les amener à reconquérir leur schéma corporel, à reprendre conscience de leur corps et à retrouver un minimum de condition physique. Je leur propose pour cela des parcours de motricité, des exercices d’équilibre, de la rééducation musculaire, etc. Les participants viennent une à deux fois par semaine et certains restent assidus même une fois leur séjour au centre terminé. C’est très gratifiant de noter les progrès accomplis. Cela ne se fait pas du jour au lendemain bien entendu, mais mois après mois, année après année, certains parviennent à quitter leur fauteuil roulant et à se déplacer avec des béquilles.
Ces ateliers sont également importants pour eux car ils leurs permettent de sortir de leur isolement et de créer des liens.
Comment envisagez-vous l'avenir ?
Le Cascol judo-jujitsu s’est fortement développé et approche les 270 adhérents, avec une forte progression des jeunes licenciés depuis notre installation au centre de la Renaissance. Pour assurer les différents cours, nous sommes cinq enseignants diplômés, dont quatre formés au Cascol. Sans compter Karim, Juilian, Farid et Patricia, qui ont participé aux ateliers de sport adapté et qui m’aident aujourd’hui à les encadrer. Après de nombreuses années au sein du club, je prendrai ma retraite en 2020 et je souhaite passer la main en douceur sans que personne ne soit laissé de côté.
J’aimerais beaucoup que mes remplaçants soient issus du club. Cela sera facile pour le judo et le jujitsu mais un peu moins pour le sport adapté. J’ai déjà quelques contacts avec des jeunes de la fac de sport, qui se sont spécialisés dans le handicap. Une fois la relève assurée, je ne quitterai pas pour autant le Cascol et je rejoindrai le conseil d’administration. Un beau projet de construction de dojo régional est à venir d’ici là et je me ferai un plaisir d’y participer…
Juin 2017